Raymond
Raymond Tschudi est né à Lyon le 17 septembre 1918 et nous quitté le 18 septembre 2002 à l’hôpital de Grenoble à l’age de 84 ans. ;et repose désormais dans le petit cimetière de Montgellafrey auprès de son épouse Amélie décédée en 1992.
Il nous avait raconté
en juillet 2000 quelques épisodes de sa vie
Enfant « placé » j’ai
été élevé dans la famille Chevessend à Charrière et au Replat, la vie était
difficile et nous n’avions pas beaucoup a manger.
La maison des Chevessend était
située au Replat ; elle est aujourd’hui disparue , ayant fait place à un
chalet moderne, construit par Pierre Arnoul.
Je me souviens très bien de ma
voisine Jeanne « de léline »
qui était un peu plus âgée que moi et qui me faisait cuire des pommes de
terre
Il avait quitté le pays a l’age de
20 ans et y est revenu pour la retraite
. à Charrière mais entre temps il avait fait la guerre de Norvège et en était
fier.
Et quand vous serez
vieux et que vous raconterez a vos
enfants et petits enfants l’épopée que vous allez vivre vous serez heureux de
dire avec fierté « j’y étais »’.
les paroles que prononça le
Colonel Béthouart le 27 février 1940
qui venait de passer en revue la Brigade de haute Montagne (BHT) dans
les environs de Belley en compagnie du
Général Gamelin, avant le départ de celle-ci pour la Scandinavie.
Quelques 18 mois auparavant, a
l’automne 1938 Raymond avait parcouru a pieds les 15 km qui séparait son village
de Charrière de la gare de Saint-Avre La Chambre. De là il avait pris le train
pour Nice ou il a été incorporé au 74e bataillon Alpin de la
forteresse au fort de la Drette à Saint-Martin de Vésubie.
Raymond qui était natif du Canton
de Glaris en Suisse, il aurait pu après avoir effectué ses classes aurait pu
regagner son pays d’origine surtout en cette période de tension internationale .mais non ,il avait opté pour la
France. Ce montagnard averti, chasseur un peu « braco » quand en
hiver il partait a skis tirer un chamois.
Il était militaire depuis 15 mois
lorsqu’il fut appelé un certain soir de février 1940 au bureau de la compagnie.
Cela n’a pas traîné ,il en ressorti avec un ordre de mission avec départ le
lendemain.
Le 21 février 1940 Raymond a rejoint la S.E.S de la 1ere compagnie du
53e BCA du Colonel Chéry à Belley dans l’Ain.
Il y retrouva son copain Séraphin
Cohendet du village du Mollaret. Ce fut le début de l’épopée qu’il n’oublia
jamais.
Il
faut reprendre l’article du Dauphiné
Libéré du 28 janvier 2001 et la
plume de André Bitz a qui Raymond avait confié ses souvenirs après la remise de
la Croix de Guerre avec étoile de bronze.
Replaçons ce qui va suivre dans
son contexte .
Depuis le 3 septembre 1939 la
France était en guerre avec l’Allemagne nazie qui avait signé un pacte de non
agression le 23 août avec l’URSS.les 2 dictateurs se partageait
la Pologne ce qui entraîna l’entrée en
guerre de la France et de l’Angleterre.
Staline avait attaqué la Finlande
le 30 novembre 1939, alors que l’Allemagne recevait toujours du minerai
de fer de Suède. l’été par le golfe de Botnie, l’hiver via le port de Narvick
en Norvège.
Les Anglais et le Français
décident une action pour faire cesser cet approvisionnement, mais les premiers veuillent faire une action sur la
Norvège et les Français sur la Finlande. La 5eme demi-brigade de chasseurs
alpins du colonel Béthouart est formée en majorité de
savoyards est répartie entre
Bitche et Wissembourg dans les Vosges et couvre la ligne Maginot
De par ses hommes ,ses officiers et son entraînement elle est apte a partir en Norvège.
Relevée le 6 février, elle se
regroupe à Belley et s’équipe. Il y a là le 13e BCA de Chambéry ainsi que le 53e et le 67e
BCA. ;des troupes d’élite.
A Belley , c’est l’attente, les
politiques et les états majors discutaient. De cette valse hésitation, des
échos parvinrent à Berlin, aussi le 8 avril Hitler brûle la politesse a tout le monde et débarque en Norvège du sud
jusqu'à Trondheim. La BHM est mis en alerte et embarque à Brest.
Raymond se souvient de tout «
on est parti de nuit, en train. A Brest, ce fut la musique de la flotte qui
nous accueilli, on était en kaki, mais nous avions gardé la
« tarte ». On a défilé fanfare en tête, elle jouaient
« Sidi-Brahim » nous étions très applaudis »
Les
troupes françaises furent embarquées a Brest puis de dirigèrent vers les côtes
anglaise, irlandaise et écossaises. les bateaux attendirent dans l’embouchure
de la Clyde et finalement débarquèrent en Norvège dans le fjord de Namsos .Les
bateaux français déposèrent les soldats et leurs équipements sans problèmes
majeurs.
Le
déchargement du matériel s’est effectué durant la court nuit et tout le monde
est épuisé.
Raymond
a mis la tenue blanche et a campé dans un collège.
Les
allemands bombardent et rasent la ville de Namsos. Les troupes françaises se
cachèrent dans la foret et les alentours du
15 avril au 2 mai.
Durant
ce temps Béthouart est promu général et part pour Narvick a 500 km plus au nord
diriger l’opération qui aura un certain retentissement
A
Namsos il faut repartir, le matériel est jeté a la mer .Il reste 15 soldats
tués lors des bombardements.
C’est
avec amertume que Raymond évoquait ce triste épisode durant lequel l’état-major
franco-anglais ne cessa de tergiverser.
Les
troupe françaises se regroupèrent en Ecosse, certains repartirent pour Narwick
et d’autres pour la France dans la région du Havre et la Somme.
Avec
Séraphin Cohendet et Gumeri de Celliers il fut volontaire pour protéger les
troupe anglaises qui rembarquaient
« j’ai
tiré sans arrêt, et mon FM chauffait… » disait Raymond qui échappa de justesse aux
Allemands grâce à un champ de blé mais ses copains furent faits
prisonniers.
Il
rejoindra Bayonne on ne sait comment.
Après
l’armistice il entra dans les services de l’intendance de l’Education Nationale
et aussi dans la résistance avec les
FFI, où il fit preuve de courage et d’abnégation.
En
1950 il fonda une famille avec Amélie Loisy et 3 enfants naîtront :
Gérard, Liliane et Didier. Après une longue vie d’activité il rejoindra le
village de Charrière et sa petite maison et les montagnes de son enfance.
Le 11 novembre 1998 Raymond
Tschudi, déjà titulaire de la Croix du
Combattant fut décoré à Montgellafrey de la Croix de Guerre avec étoile de
bronze 58 ans après sa courageuse conduite en Norvège et dans la Somme.
Il laisse un souvenir d’un homme
affable , tout de simplicité et de gentillesse
Montgellafrey 30 août 2001/ 30 juillet 2002/Lille le 26
septembre 2002